En occasion de ma collaboration
avec le Societé de Régates Rochelaises
(www.srr-sailing.com)
avec le texte écrit par Gilles Pernet dans le bouquin vous
présentons aussi ce texte ci écrit par Daniel Couturier
:
FRANCO COSTA
« Combien de choses l’artiste doit avoir vues »
s’écrie Diderot !
Mais savoir voir la vie qui passe n’appartient qu’à
très peu.
Franco COSTA, lui, regarde passer tout le monde intellectuel et
artistique de la planète depuis sa plus tendre enfance. Né
à Rome en 1934, il montre très tôt un précieux
talent de musicien qu’il développe auprès du
Maître Amedeo Materassi à l’Académie Ste
Cécile de Rome dans la classe de violon. Puis il étudie
le français et la littérature à Genève,
l’architecture au Polytechnicum de Zürich, enfin il s’inscrit
à l’Ecole des Arts et Métiers à Paris.
Il voyage en Provence où il rencontre Nicolas de Staël,
Picasso, Matisse, Le Corbusier et bien d’autres artistes en
renom.
En lui, dès cette période des années 50, se
développe le désir impérieux d’être
peintre et architecte.
A la mort de Nicolas de Staël, il part pour l’Amérique
du Sud, l’Argentine, le Brésil, où il collabore
aux travaux de Brasilia que dirige son oncle Lucio Costa ; rencontres
avec Che Guevara, Kantor, Hugo del Carril.
De 1960 à 1964, il voyage aux Etats-Unis présentant
ses œuvres dans de nombreuses villes.
Puis il s’intéresse à la mode, travaille pour
Dior, Lancetti, Grès et Valentino, avec Cécile Beaton
à Londres où, en 1966, se tient sa première
grande exposition à la « London Arts Gallery ».
Il voyage encore en Ethiopie, en Chine, aux Indes, au Népal
afin de se pénétrer des arts d’Orient, publie
un premier livre consacré à la vie de l’Empereur
Theodoe II.
En 1968, il est le collaborateur de Fellini pour le film «
Julet of Spirit », retourne aux USA où il expose à
New York à la Galerie Rizzoli.
A partir de 1971, tout s’accélère, il peint,
dessine, « écrit, côtoie théâtre
et cinéma, expose à Milan (Galerie Levi) à
Copenhague (Galerie Erling Hagfelt) en Suède à la
Bibliothèque Lidingo ».
Il écrit le scénario d’un film « Oh !
Che Felicita » qu’on tourne à Paris en 1974.
A Rome, il expose « Arte Vita Due » puis présente
des œuvres à l’exposition de l’Année
de l’Enfance dans le cadre de l’UNICEF, thème
qui retient tout particulièrement son attention. Il est présent
à New York, à Göteborg et à l’université
de Montréal avec cet organisme.
En 1980, il est officiellement reçu peintre de « l’América’s
Cup » qui lui apporte la notoriété aux USA par
la large diffusion de ses trois affiches.
Ses attaches en Suède et sa notoriété mondiale
le font appeler par Volvo pour créer le logo du Grand Prix
de Tennis patronné par cette importante firme à monaco.
Puis, dans la foulée, il réalise des affiches pour
d’autres sports dans la ligne de l’América’s
Cup : ski acrobatique, jumping, motos.
C’est lui qui dessine l’affiche de Green Peace en Suède
puis est rappelé pour couvrir l’America’s Cup
en 1986\1987 qui se déroule en Australie qu’il découvre,
frappé par la beauté des sites et la variété
de la flore d’un continent peu connu.
Il peint un nombre incroyable de toiles de fleurs et crée
après 2 affiches pour le Yacht Club Costa Smeralda.
1988, retour à Rome où il organise le « Salon
de la Mer ». Il est nommé peintre officiel de la Régate
Baltic Match Race en Allemagne du Nord.
1989 - 1990, il dessine des affiches, aujourd’hui célèbres,
pour San Diego où il retrouve le vainqueur de l’América’s
Cup, Dennis Conner, déjà rencontré en 1980
à Newport, R.J.
Il travaille ensuite pour BMW, pour le Champagne Mumm, pour Renault
(formule 1), pour Volvo, travaille pour les villes de Kiel, Hambourg
et Stockholm, décrit le schlewig holstein, crée l’affiche
pour les Jeux Olympiques d’Albertville ; aussi crée
l’affiche des régates aux jeux olympiques de Barcelone,
dernièrement il conçut 3 modèles de girouettes
et des paravents.
Voici donc très succincte la carrière de Franco COSTA,
et croyez bien qu’il sut voir et regarder
Les premières impressions de la jeunesse pétrissent
l’âme en fixant à jamais la forme ineffaçable
de l'empreinte. Epris d'air et de lumière dès son
enfance, le voici qui retourne à la mer où l'appelle
et le guide son impétueuse et despotique indépendance
en matière d'art.
Il n'y a pas de hasard de talent. Le sujet c'est l'artiste, l'artiste
qui doit regarder en lui avant de regarder à l’entour,
ayant deviné, compris.
Goethe disait « les lois incodifiables du Beau, innées,
portent la pensés à créer l’inoubliable
».
Les oeuvres de Franco CQSTA sont inoubliables car dans leurs simplicités
apparentes palpitent des sensations vécues qui en font la
valeur et qu'on nome l'originalité.
Réflexe de sa personnalité sans cesse en ébullition
et de sa joie de vivre, possesseur né d'une personnelle manière
variée à l'infini, protéiforme, il sait maintenir
l'élan de sa spontanéité dans l'épuration
des lignes et la justesse des aplats « sans rien omettre ni
rien mettre », se gardant d'amplifier, se méfiant des
raccourcis mais homme des lumières les plus audacieusement
éclatantes.
Jusqu'à l'avènement de l’impressionnisme, la
peinture était discursive, narrative, art des préparations,
des enchaînements, des développements et des aboutissements.
Franco COSTA n’a admis de poésie réelle que
dans les rapports flattant l’imagination, la sensibilité
nerveuse, mais, et là est son originalité, avec un
souci de logique : logique interne étant inspirée
par le prolongation suffisante d’un même état
moral ou physique caractérisé et un malgré
sa subtilité et sa complexité.
L'intuition de celui qui regarde, devine alors les liens absents,
source de beauté et but recherché d’émotions
nouvelles.
Les toiles de Franco C0STA sont en ce sens source d'émotions
nouvelles que l'amateur cherchera à recréer chaque
fois qu'il rencontrera une de ses oeuvres, aboutissant à
l'envie impérieuse d'en avoir une sous les yeux.
Chaque tableau vient à vous et s'imprime dans la mémoire
isolément, renforçant singulièrement son sujet,
ville, bateau, paysage, fleur, résolutions exceptionnelles
indiquant non une façon de vivre, mais entraînant le
lecteur dans une méditation singulière planant hors
du temps et des frontières.
Ce qui est intéressant dans l'oeuvre de Franco COSTA c'est
qu'il apporte à l'amateur plus intuitif que technicien une
lecture claire, appuyée, répétée, espacée,
attire son attention par ses effets nouveaux ainsi mis en valeur.
Je suis persuadé que le jeune violoniste qu'il était
fut ému par la musique. C'est qu'il échappait alors
à la tyranie du fonctionnement habituel de sa pensée
et de sa raison atteignant ainsi la grâce, état qu'il
sut conserver intacte et que la vie se chargea de transformer en
bonté. « Mes images (se plait?il à dire) réunissent
la fraternité de l'homme », un homme qu'il croit bon
et généreux comme lui, pour lequel il veut donner,
oeuvrer et partager. Un homme qui aime éperdument la Nature
et qui se trouve aujourd'hui en désaccord fondamental avec
la Société.
C'est pour cela qu'il s'attache à sublimer son prochain dans
ses actes de dépassement, le sport, en un lyrisme spécial
dont il a le secret. Ce graphisme rigoureux, ces larges aplats,
c'est la langue à saveur étrange qu'il a trouvée
pour rendre ses sentiments.
Mais ne nous y trompons pas, Franco COSTA à l’intelligence
mûre et pénétrante dont la bonté est
le principe du tact, étonnant exemple de l'autonomie du moi
dont les oeuvres, qui donnent un sentiment de force calme, est un
être fragile lorsque sa personne réelle rentre au contact
de la réalité. Sensible aux signes, il connait la
stupeur qu'inspire la condition humaine contemplée un instant
dans toute son étrangeté, avec ses risques, son anxiété
entière, sa beauté et ses décevantes limites.
L'oeuvre de Franco COSTA qui compte plusieurs créations:
huiles, acryliques, lithographies, vitraux, tapisseries, céramiques,
sculptures en bois ou fondues en bronze, forme un immense kaléidoscope
dont l’unité est à la fois dans l’intention
et dans une relation en quelque sorte musicale entre des aventures
spirituelles uniques faites d’échos, de rappels et
de thèmes entre?croisés dont la portée esthétique
n'échappe à personne.
Cet ouvrage présente aujourd'hui quelques oeuvres de Franco
COSTA détachées de ce grand ensemble, lithographies
et toiles, certain que la vie des images plus chargées d’affectivité
que la vie des idées appose une constante vers laquelle se
penche plus volontiers tout homme en quête d’un refuge
accueillant, fenêtre ouverte sur le rêve !
Daniel Couturier
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